Jean-François Pousse - Techniques et Architecture (août-septembre 1989)
IIs ont déjà réalisé plusieurs maisons particulières et des aménagements de magasins, aussi bien à Paris qu’en province. Mais Caroline Bapst, 33 ans et Bruno Pantz, 35 ans, terminent surtout en Bretagne, dans le Finistère Nord, la transformation et l’extension d’une maisonnette. A dire vrai, il s’agit presque d’une création ex-nihilo, mais à partir d’un site et d’un lieu intimement connus. Derrière une haute dune, à quelques mètres d’une petite forêt, une habitation bretonne, murs teintés de chaux, toit d’ardoise et double cheminée, se métamorphose. Magie blanche. Peinte en noir mâtiné de bleu d’encre, la vieille maison prend des airs altiers de mini-forteresse. La longe de biais, une manière de vaisseau capoté de blanc, avec une proue dardée vers la mer et le Nord, taillée de verre, puis un long corps en poisson percé de hublots. A l’étage, une terrasse comme un pont de bateau permet au regard de sauter les dunes et de chercher la mer qui là-bas se glisse et remonte loin les abers. Rien d’agressif dans tout cela. L’analogie paquebot trouve sans mal sa raison d’être. Sur la terrasse au sol de bois, bordée de rambardes en bastingage, l’effet de solitude, de vent ou de chaleur s’impose immédiatement. Au rez-de-chaussée, après la proue de verre où s’installent dans la lumière, salon, salle à manger et cuisine, se succèdent des chambres comme des cabines, intimes. Vacancières. Maison familière sans doute, mais dont l’architecture n’est pas courante sur ces rivages. Commanditée par un publicitaire, elle s’est imposée comme d’elle-même. Pour la présenter à l’architecte des Bâtiments de France et autres autorités veillant à l’architecture et aux littorais menacés, un premier projet vernaculaire fût présenté. L’accompagnait, mais en second, celui finalement construit. Et chacun de préférer le projet le plus ambitieux et de se démener, de participer pour lui donner vie. Initiative heureuse.